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BARRY DIERKS
L’ARCHITECTE DE LA VILLEGIATURE ESTIVALE
Architecte de la villégiature estivale britannique et américaine, Barry Dierks signera plus de cent demeures, à partir de 1925, de Bormes-les-Mimosas à Menton, dont la villa Aujourd’hui, considérée comme la plus belle maison moderne du cap d’Antibes.

Barry Dierks et son compagnon Eric Sawyer ont noué tout au long de leur vie des amitiés et une clientèle fidèles, notamment parmi les colonies britanniques et américaines en villégiature sur la Côte d’Azur, des années vingt au années cinquante. Promu architecte en 1921 par le Carnegie Institute of Technology de Pittsburg, Barry a le talent. Eric, issu de la bonne société, a la fortune. « Leur jeunesse, la notoriété de leur union, la bonne situation sociale d’Eric et un style de vie mondain, créent autour d’eux une convergence de sympathies dont ils sauront tirer parti », soulignera le conservateur du patrimoine François Fray.
La villa Le Trident de l’Esquillon
Leur premier client n’est autre que l’écrivain Somerset Maugham pour lequel l’architecte rénove en 1925 La Mauresque, à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Année où Dierks et Sawyer s’installent dans leur propre villa, Le Trident de l’Esquillon, à Théoule-sur-Mer. L’endroit leur tient de résidence, d’agence mais aussi de vitrine. « Leur maison à eux, située à une quinzaine de kilomètres de Cannes, accrochée à la falaise était charmante. Pour l’atteindre il fallait descendre une trentaine de marches, entrer au premier étage pour trouver plus bas salons et terrasses », se souviendra leur amie, Hedwige d’Ursel, marquise de Maupeou. « Par la qualité de son architecture, dans laquelle l’aspect pratique n’est jamais oublié, elle est devenue un de ses arguments de vente privilégiés, propres à remporter plus d’une décision. Elle correspond en effet aux attentes de cette société exigeante, cultivée et informée, venue chercher sur cette côte à la fois le dépaysement et des résonnances propres à sa culture, mais forcément des réalisations d’avant-garde », précisera François Fray.
La villa Aujourd’hui
Ainsi, pendant quatre décennies, l’architecte multiplie les réalisations, dans le Var et les Alpes-Maritimes pour la bonne société, aristocrates, issus de la vieille Europe et personnalités : les marquise de Brantes et de Ganay, le comte Damien de Martel ou encore la cantatrice Grace Moore. En 1938, la mondaine Audrey Chadwick commande à Dierks une demeure au cap d’Antibes, « sur un terrain qui avait la superficie d’un piano à queue », se plaira à dire l’architecte qui conçoit alors une demeure moderniste à la façade ondulante, unique sur la Riviera. La bâtisse compte cinq chambres, avec salle de bain ou cabinet de toilette et penderie. Le salon est habillé par un grand tapis dessiné par Roger-Henri Expert et Pierre Patout, tissé à Cogolin pour le pavillon français de l’Exposition internationale de 1939 à New York. A l’aube des années cinquante le producteur de cinéma Jack Warner s’en porte acquéreur. Des célébrités comme Ava Gardner et Charles Chaplin en sont les hôtes.
En 1936, il réalise la charmante villa Lilliput, à la Salis, à Antibes, pour le comte Sala.
En savoir plus :
La clientèle de l'architecte Barry Dierks sur la Côte d'Azur, par François Fray
Les réalisations de Barry Dierks - Plateforme Pop Culture
Photographies : Droits réservés
Caroline Denis