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#6

Sarah Bernhardt

« Saint-Raphaël est un petit paradis 

où j’ai retrouvé la santé et la joie de vivre ».

Alors que l’icône de la Belle Epoque est à l’affiche des cinémas de France, nous consacrons ce numéro 6 de notre journal à une période bien particulière et peu connue de la Divine : son séjour raphaëlois de 1915 alors qu’elle est en convalescence à la Villa Pax à Boulouris.




 


Magnifiquement interprété par Sandrine Kiberlain et Laurent Lafitte, le film biographique de Guillaume Nicloux revient sur la vie extraordinaire de Sarah Bernhardt, star mondiale, femme libre et moderne qui défie toutes les conventions de son temps, surtout lorsqu’il s’agit d’amour.

Victor Hugo l’appelait « la voix d’or », d’autres « la Divine » ou la « Scandaleuse », Jean Cocteau inventa pour elle l’expression de « monstre sacré ». Elle inspira un sonnet à Oscar Wilde. Considérée comme étant la plus grande actrice du XIXème siècle et début XXe, Sarah Bernhardt fait partie de ces rares artistes français à avoir son étoile sur le Hollywood Walk of Fame de Los Angeles. En 1915, elle vient chercher le repos à la villa Pax, à Saint-Raphaël.

Convalescence chez la peintre et mécène Eugénie Meurlot-Cholet

A 70 ans, la comédienne est amputée d'une jambe suite à une tuberculose osseuse. C'est à ce moment-là qu'elle s'installe pour quelques mois à Boulouris chez Eugénie Meurlot-Cholet, peintre et mécène, amie de Jules Chéret et de René Lalique. Ici, à la sublime villa Pax, la Divine profite de l'air marin et de la douceur du climat. Elle écrira sur ce séjour méditerranéen : « Saint-Raphaël est un petit paradis où j’ai retrouvé la santé et la joie de vivre ». Cette opération ne l’empêchera pas de se produire encore sur scène, refusant de porter une jambe en bois ; et rendra même visite aux soldats sur le front en 1916. 


 Sarah Bernhardt et les soldats de Verdun

 « Et bien, voilà mon rêve ; c’est d’aller dans les tranchées aussi près que possible. Je n’ai pas peur des obus ni du reste ; qu’est-ce que cela peut me faire à moi ; ne serait-ce pas terminer ma carrière d’une façon glorieuse ! Mais c’est trop beau, je n’ose pas rêver une telle chose. Je suis allée à cinq cents mètres des Boches[2], au bois le Prêtre, seule avec le général Lebocq qui comprenait mon désir et les Boches qui ne cessent de tirer chaque jour n’ont pas tiré un coup de fusil ni de mitrailleuse. D’ailleurs, ils m’auraient manquée ; mon heure n’est pas venue… Aidez-moi ami Thorel. Je quitterai immédiatement mon abri où je suis venue me reposer de la ville. Je voudrais retourner au front ; aidez-moi, mais je voudrais aller le plus près possible, je voudrais apporter à ces grands moments de gloire un peu de notre idéal. Puisque vous avez de l’amitié pour moi, faites l’impossible. Je vais très bien et je suis vaillante et forte. Pensez à moi. Je vous tends mes deux mains pleines d’amitiés et de souvenirs. 

Sarah Bernhardt. Boulouris près Saint-Raphaël, Var. »

 Lettre de Sarah Bernhardt [72 ans, infirme, à cette date] adressée au capitaine René Thorel, commandant de la 24è compagnie, 374è d’Infanterie, Secteur 99. 20 mai 1916 (source BIVP).

 

La villa Pax, à Boulouris

 

Fortunée, Eugénie Meurlot se fait édifier en 1906 une magnifique demeure embrassant la Méditerranée qu’elle nomme Pax, au quartier de Boulouris. Une villa au décor classique, sans fioriture, à l’élégant escalier de marbre qui dessert un grand parc planté de pins, d’eucalyptus, de mimosas, où s’y épanouit l’acanthe. La propriété dispose d’une conciergerie, d’un garage pour automobile et bien sûr d’un atelier de peinture dont la façade s’orne de putti inspirés de l’art de la Grèce antique symbolisant l’amour. En belvédère sur la mer, s’élève une ruine artificielle, un théâtre de verdure aux colonnes brisées appelant au romantisme et à la contemplation. Eugénie épouse monsieur Cholet dont elle ajoute le patronyme au sien. Elle fera également bâtir Le Bocage, propriété située en face de la villa Pax, ainsi que la villa Primerose.

 


 

Eugénie Meurlot-Cholet, 

artiste et inspiratrice


Elève du peintre Jules Chéret, inspiratrice du bijoutier René Lalique, Eugénie Meurlot-Cholet a fait de sa demeure de Boulouris un lieu où se croisent peintres, sculpteurs, hommes et femmes de lettres. Outre un théâtre de verdure, la villa Pax dispose dans son parc d’un atelier de peinture dont le fronton s’orne d’angelots ailés. 

 

L’art est un refuge dans lequel mademoiselle Eugénie Meurlot trouve une consolation à son âme sensible. C’est auprès de Jules Chéret, maître de l’art de l’affiche, installé à Nice, que la jeune femme se forme à la peinture. Eugénie a aussi le goût des rencontres et de s’entourer d’artistes divers. La villa Pax devient ainsi un lieu de rendez-vous culturel prisé, incontournable, où sont reçus au fil des années les peintres Jean Veber, Jan Styka, Lucien Lévy-Dhurmer, Othon Friesz, Alphonse Mucha et Raoul Dufy, le sculpteur François Sicard, le dramaturge Maurice Donnay, la romancière Gabrielle Reval, les écrivains Jean Lorrain, Paul Hermann et Gaston Chéreau, membre de l’Académie Goncourt. 



Découvrirl'espacé muséal consacré à Sarah Bernhardt à Belle-Ile-en-Mer​​

A lire également : 

Saint-Raphaël, Personnalités et Célébrités. Jean-Luc Guillet. Edité par la Ville de Saint-Raphaël.

Saint-Raphaël, demeures et jardins de la Belle Epoque. Jean-Luc Guillet. Patrice Texier. Edité par la Ville de Saint-Raphaël et l’AVBE.

Sarah Bernhardt : ©Droits réservés.

 La villa Pax : ©Ville de Saint-Raphaël. Patrice Texier.

L’atelier de peinture : ©Ville de Saint-Raphaël. Patrice Texier.

Eugénie Meurlot-Cholet pend la pose dans l’atelier de peinture de la villa Pax. © Droits réservés.